Blog des Collectivités Locales Marocaines, actualités , réflexions et polémiques

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Criminalité dans les milieux urbains : un phénomène en nette prolifération

  •  La criminalité en milieu urbain ne cesse de prendre des proportions inquiétantes. Le nombre des arrestations effectuées par les services de sécurités se sont multipliées ces derniers jours, surtout dans les gr...andes villes du Maroc, alors que le citoyen se trouve dans certaines situations égarées et sans réel secours.

    La direction générale de la Sûreté nationale a fait état de 16 371 interpellations dans un seul mois. Ainsi, du 8 avril au 1er mai 2012, 12 275 personnes ont été arrêtées pour crime ou délit et 4 096 autres suite à des avis de recherche lancés à leur encontre au niveau national.

    Quelques jours avant cette date, précisément du 8 au 12 avril 2012, les services de la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) ont procédé à l’arrestation de 1.127 suspects dans différentes villes du Maroc. Par répartition géographique, 184 arrestations ont été menées à Casablanca (149 recherchés et 35 en flagrant délit), 297 à Agadir (230 en flagrant délit et 67 recherchés), 158 à Salé (88 en flagrant délit et 70 recherchés) et 136 à Marrakech (101 recherchés et 35 en flagrant délit).

    Ainsi, les grandes villes comme Casablanca, Rabat, Marrakech ou Fès, qui a connu récemment 137 arrestations durant la seule journée du 1er mai 2012, sont devenues une terre fertile pour la prolifération de la criminalité. Tueries, agressions physiques, vols, viols…le menu est assez large de quoi effrayer la population et faire de la sécurité un enjeu primordial appelant à la mobilisation de tous.

    L’insécurité dans les villes : une problématique en nette croissance

    « La montée en puissance de la criminalité en milieux urbains pose une grande problématique de sécurité qui fait que les gens commencent à avoir peur de sortir le soir et se demandent si cela est dû à un certain manque d’engagement de la part des services de sécurité nationale », souligne Hassan Qranfal, Professeur en Sociologie Civile à Rabat. A ce manque de sécurité s’ajoute la politique des droits de l’homme qui commence à gagner du terrain et qui est contre la maltraitance des criminels et des délinquants, poursuit Pr. Qranfal, ce qui pousse les Marocains à se si le fait de vivre dans un pays démocratique où les gens bénéficient de leurs droits signifie un manque de sécurité.

    En effet, l’augmentation du taux de criminalité et de violence en milieux urbains a relancé les débats sur le phénomène de l’insécurité dans les villes. Selon les statistiques publiées par la direction générale de la sûreté nationale en 2009, le phénomène est en courbe ascendante : le nombre de crimes et délits a augmenté de 4,5 %. Il est passé de 321.077 actes d’agression en 2008 à 335.525 actes d’agression en 2009. Casablanca arrive en tête des villes qui connaissent un nombre croissant de délits et actes criminels avec 89 625 cas, suivie d’Oujda 26 682 cas, Marrakech 26.481 cas, Rabat 25.925 cas, Fès 20.495 cas, Meknès 20.024 cas et Tanger 18 241 cas. Au niveau de la ville d’Oujda, par exemple, les services de la police ont remis à la justice 7218 accusés de vols et d’agressions sous la menace des armes blanches en 2009 dont 514 femmes et 492 mineurs.

    Les prisons : centres de redressement ou de formation de nouveaux criminels ?

    Ce phénomène qui continue à gagner du terrain dans notre société trouve son explication dans plusieurs facteurs sociaux dont le chômage, les bouleversements qu’a connus la structure familiale, les carences urbanistiques, l’explosion démographique notamment en quartiers périphériques, l’exode rural, l’échec scolaire, la pauvreté, la précarité ou l’exclusion sociale, la drogue, la prostitution… Mais, selon Pr Qranfal, l’un des facteurs majeurs de ce phénomène social est la capacité d’accueil des prisons devenues surchargées alors qu’elles continuent à recevoir un nombre croissant de personnes, ainsi que la mal interprétation de la culture des droits de l’homme qui fait que ces gens se permettre certain nombre d’actes et pensent être à l’abris du châtiment. Or, « un pays démocratique est un pays où la rigueur des droits est présente et où le taux de criminalité doit nettement diminuer », assure Pr. Qranfal.

    Par ailleurs, les taux élevés de récidivité laissent penser que les prisons marocaines, censées être des centres de redressement, sont devenues des centres de formations de nouveaux criminels. « On remarque malheureusement que certains délinquants entrent en prison pour des délits mineurs et que leurs séjours en prison devient une occasion pour approfondir encore leurs savoir-faire et leurs connaissances au contact d’autres professionnels», explique Notre Sociologue.

    En plus, les pressions de la société de consommation et l’exclusion sociale sont de nature à influencer négativement les réactions humaines. « Pour la majorité des délinquants, la criminalité est un accident de parcours qui survient dans la vie et qui malheureusement finira par marquer profondément leurs vies et leurs carrières par la suite, explique Pr. Qranfal. Mais la difficile réinsertion dans la société des prisonniers après leur sortie de prison facilite leur récidivité : « ces gens trouvent beaucoup de problèmes à décrocher un emploi et se trouvent presque poursuivis de craintes qu’ils ne commettent encore les mêmes actes et par la suite ils tombent dans la récidivité. De ce fait, les prisons deviennent non pas un lieu de redressement mais de formation de futurs criminels », souligne Pr. Qranfal.

    Comment contrecarrer ce phénomène ?

    « On ne peut pas imaginer d’un coup un système social où il n’y aura pas de crimes. Le crime est présent dans tous les pays du monde, mais ce sont uniquement les genres des crimes qui différent, lance Pr. Qranfal.

    Face à la prolifération de l’insécurité dans les villes, les citoyens s’attendent à des actions drastiques et des mesures rigoureuses pour atténuer les effets de la criminalité. Si le rôle du citoyen est celui de dénoncer les criminels auprès des services de sécurité, et de se montrer assez solidaire envers les personnes victimes d’agression, un engagement solennel des responsables, des acteurs économiques et sociaux est fortement sollicité.

    Par ailleurs, le rôle traditionnel de la famille et de l’école en tant que véritables noyaux de l’éducation et de l’implantation des véritables principes citoyen doit être rétabli.

    Houria Ben Moussa

    Menara Actualités


10/05/2012
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